La Galerie Le Minotaure inaugure l’année 2023, ainsi que son nouvel espace du 23 rue de Seine (qui s’ajoute à celui du 2 rue des Beaux-arts), avec une exposition monographique de César Domela (1900-1992), artiste néerlandais qui commence sa carrière dans la première moitié des années 1920 comme membre du groupe De Stijl. Par la suite, il s’éloigne des principes du néoplasticisme et abandonne progressivement la peinture à l’huile pour réaliser des reliefs conciliant géométrie et organicisme, devenant un des maîtres incontestables du genre. Ses compositions de matériaux aussi divers qu’insolites (bois, peau de requin, écailles de tortue, daim, cuivre, laiton, plexiglas…) privilégient des courbes sinueuses, ellipses, cercles, arabesques, autant de formes et motifs puisés dans sa connaissance et sa passion pour la pensée et l’esthétique orientales.
Après plusieurs séjours à Berlin, où il a l’occasion de côtoyer de nombreux artistes influents – Laszlo Moholy-Nagy, Alexander Rodchenko, Raoul Hausmann, Naum Gabo, Kurt Schwitters, Carl Buchheister… – et de s’essayer à plusieurs pratiques telles que le graphisme, le photomontage, la typographie ou encore l’architecture d’intérieur, Domela s’installe définitivement à Paris en 1933. Il devient membre de Cercle et Carré, puis d’Abstraction Création, groupes pour lesquels il contribue activement aux revues. En 1937, il fonde avec Sophie Taeuber et Hans Arp la revue multilingue Plastique.
Pendant la guerre, alors que l’activité artistique est considérablement réduite à Paris, il est régulièrement présent à la galerie Jeanne Bucher qui crée à l’époque un espace accueillant pour la Deuxième École de Paris en train de naître. Il y expose notamment en février 1944 à côté de Nicolas de Staël et de Wassily Kandinsky. La même année, tous les trois participent également, avec Magnelli, à l’exposition Peintures Abstraites, Compositions de Matières à la Galerie Esquisse.
Après la guerre, la richesse et l’originalité de son travail ne cesseront d’être saluées, autant en France où il réside jusqu’à sa mort en 1992, qu’à l’étranger. Il participe à de nombreux expositions dédiées à l’Art Concret (Galerie Drouin, 1945), De Stijl (Stedelijk Museum, 1951), ainsi qu’à la fondation du Salon des Réalités Nouvelles (à partir de 1946) ; plusieurs rétrospectives lui sont consacrées à Paris (Galerie Denise René, 1947), Londres (Galerie Apollinaire, 1948 ; Annely Juda Fine Art Gallery, 1973), Berlin, Rio de Janeiro et Sao Paulo (1954), Amsterdam (Stedelijk Museum, 1955), New York (Galerie Chalette, 1961), et même Calcutta (1979).
Notre exposition, composée de plus de 50 pièces dont plusieurs de qualité muséale, embrasse ces différentes périodes de l’œuvre de Domela ainsi que la diversité de supports et de techniques qu’il explorait dans son travail : les photographies, les photomontages, les tableaux, les sculptures, mais surtout les reliefs qui constituent l’aboutissement de ses expérimentations antérieures et l’axe principal de son parcours.
Elle est accompagnée d’un important catalogue richement illustré et documenté, réalisé en collaboration avec Christian Derouet, conservateur du Patrimoine, chargé du Musée Zervos à Vézelay qui a constitué les fonds d’archives de Léonce Rosenberg, Vassily Kandinsky et des Cahiers d’Art à la bibliothèque Kandinsky du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou.