1886 – 1966: Jean (Hans) Arp (1886-1966) est à la fois peintre, sculpteur et poète. Cofondateur du mouvement Dada, qui au début du 20e siècle se révolte contre les atrocités de la guerre, l’ordre social et l’esthétique académique, l’artiste franco-allemand occupe une place à part dans l’histoire de l’art. Son œuvre ne se limite cependant pas au dadaïsme, ludique et provocateur, qui n’a d’ailleurs vécu que quelques années. En effet, Arp s’intéresse à divers courants avant-gardistes de son époque. Il est considéré aujourd’hui comme un des principaux représentants d’un langage formel associant formes organiques et abstraites, en relation directe avec les processus de transformation et la croissance dans la nature. La métamorphose devient alors le principe conducteur de ses compositions. Ses motifs de prédilection sont, entre autres, le nombril, le torse. Il réalise des reliefs, des collages et des dessins, puis, à partir de 1930, de plus en plus d’oeuvres plastiques. Arp étudie d’abord à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg, où il est né, et à Weimar, puis à l’académie Julian à Paris. Il rejette les méthodes d’enseignement traditionnelles, cherchant de nouvelles formes d’expression artistiques. En 1912, sous l’impulsion de Kandinsky, il participe aux actions du groupe expressionniste Blaue Reiter à Munich. A Zurich en 1915, il rencontre sa future femme, Sophie Taeuber, dont le travail artistique exercera une forte influence sur sa création, qui s’enrichit d’éléments constructivistes et géométriques. Ensemble, ils travaillent sur des collages, des sculptures et des textiles. Jean Arp, Hugo Ball, Tristan Tzara et Richard Huelsenbeck fondent le mouvement Dada en 1916 à Zurich. Ils sont rejoints par Raoul Hausmann, Kurt Schwitters et Max Ernst, qui fondent des groupes similaires à Berlin, Hanovre et Cologne. A leurs côtés, Arp publie des poèmes et des textes, illustre des livres et des magazines. A la même époque, il érige les lois du hasard en principe de composition. Arp épouse Sophie Taeuber en 1922. En collaboration avec El Lissitzky, il édite « Kunstismen », catalogue en trois langues balayant les grands mouvements de l’avant-garde entre 1914 et 1924. Dans les années qui suivent, il fréquente les surréalistes de Paris. Theo van Doesburg et Jean Arp participent au chantier de Sophie Taeuber-Arp, chargée de rénover l’Aubette, un ancien bâtiment militaire de Strasbourg, pour en faire un lieu de vie au cœur de la ville. Grâce aux honoraires perçus, Sophie Taeuber-Arp dessine et se fait construire une maison-atelier à Meudon, près de Paris. Le couple fuit l’invasion allemande et se réfugie dans le midi de la France, où il reste jusqu’en 1942, année où il part pour la Suisse. Profondément atteint par la disparition accidentelle de Sophie en 1943, Arp traverse une grave crise qui durera plusieurs années. Après la guerre, il revient à Meudon, où il se partage en création plastique et écriture. A l’occasion de sa première grande exposition personnelle à New York, il se rend en Amérique et retrouve quelques vieux amis de l’époque Dada. Dans les années 50, il enchaîne les commandes publiques, dont un relief monumental pour l’université de Caracas. Le grand prix de sculpture de la Biennale de Venise qu’il reçoit en 1954 lui apporte la consécration. En 1959, il épouse Marguerite Hagenbach, son amie de longue date, collectionneuse et mécène du couple. Arp vit et travaille entre Meudon et Locarno. Il s’éteint à Bâle en 1966.