Pour l’édition 2021 de PhotoSaintGermain les galeries Le Minotaure et Alain Le Gaillard proposent l’exposition personnelle de l’artiste franco-israélien Yosef Joseph Yaakov Dadoune, « Incarnasion » – un cycle de 20 photographies réalisées en 2006 et jamais montrées au public qui seront accompagnées par le projet « Sion ». Il s’agit de deux films réalisés en collaboration avec le Musée du Louvre à Paris : le premier, en noir et blanc de 12 minutes, le second en couleur et durant une heure (les deux font aujourd’hui partie des collections du musée). Joseph Dadoune est le premier réalisateur franco-israélien avec qui le Louvre a collaboré, lui accordant l’autorisation de filmer « Sion » à l’intérieur de ses espaces.
L’artiste puise dans les écritures juives, le christianisme, l’histoire de l’art ancien et contemporain. En racontant l’histoire de « Sion » – jouée par l’actrice israélienne Ronit Elkabetz, vêtue de costumes conçus par Christian Lacroix –, son film explore une poétique de la douleur ; il parle de rédemption, d’exil et de renouveau.
« Sion » est à la fois une femme faite de chair et de sang et une allégorie. Elle est mère, sœur, source, méduse, femme-enfant, marâtre, déesse et poison. Elle incarne aussi Jérusalem qui se bat pour sa liberté et projette sur le monde sa douleur et sa tragédie. Ronit Elkabetz est allongée dans une brouette, elle hurle comme un animal blessé. Vêtue d’une robe de mariée, souillée par la boue, elle porte des planches de bois, nourrit des chameaux… Les photographies présentent une lutte entre la matière et l’esprit, entre l’Orient et l’Occident, entre le crime et le châtiment, la logique et la folie.
La double nationalité de Dadoune le place à la frontière entre l’Occident et l’Orient. Sa personnalité l’engage à travailler sur les sujets du genre, de la sexualité, de l’eurocentrisme, de l’anticolonialisme et du multiculturalisme. Le passage d’une culture fortement marquée par l’étude des textes et des mythologies du peuple juif à des formes plastiques contemporaines donne à son œuvre une connotation où le conte et la légende servent de trames purement narratives. La Bretagne, d’où son père est originaire, constitue une seconde source intellectuelle et sensible. Entre ces deux pôles éloignés en apparence, l’artiste interroge l’histoire, la source des mythes et de la poésie.