Un autoportrait implique automatiquement une surface reflétante, un miroir, un verre, un cristal un métal poli par exemple. Pour le peintre, c’est la magie de capter le soi, l’âme derrière les traits du visage, à la force de son pinceau. L’appareil photo, lui, enregistre de par sa nature, une dualité de l’image – la réalité et la perception de cette réalité – l’interprétation de la prise de vue est ici partagée entre l’artiste et la technique et non fruit unique de la subjectivité du créateur.
L’exposition à la Galerie Le Minotaure présente une sélection unique d’autoportraits photographiques exécutés à partir de la fin des années 1920. Les années 30 sont particulièrement bien représentées avec une génération d’artistes entre 30 et 40 ans ayant suivit le pas avec l’évolution technique du medium. Ce sont des photographes en grande part autodidactes, ingénieurs, graphistes, commerçants, peintres et sculpteurs. Ils ont été marqués à un jeune âge par la guerre de 1914-18 ainsi que par l’écroulement d’un ancien régime désuet. Certains des ces artistes sont des réfugiés des pays de l’Est et portent en eux l’ardent désir de casser en tout avec les traditions, aspirant à des moyens d’expression extrêmes. Tous ont vécu l’emprise des médias modernes et ont été saisi d’enthousiasme pour ce nouvel instrument qu’est l’appareil photo.
Helen Adkins