Du 15 janvier au 12 février 2022 la Galerie Le Minotaure, dans son espace au 2 rue des Beaux-arts, ainsi que dans l’espace virtuel de la Boutique Le Minotaure, propose une exposition de Samuel Ackerman (1951), artiste originaire de l’Ukraine, émigré en Israël en 1973, et finalement en France, à Paris, en 1984, où il vit et travaille jusqu’à aujourd’hui.

Avec d’autres émigrés soviétiques de sa génération, notamment Avraham Ofek et Michail Grobman – également représenté par la Galerie Le Minotaure –, il forme en 1975 à Jérusalem, le groupe d’avant-garde Leviathan, dont l’objectif principal est de créer un « art national juif ». A l’encontre du réalisme – qui constitue pour les artistes du Léviathan la négation d’un vrai art – le groupe développe une stylistique constituant un mélange d’art contemporain – art conceptuel, happening, land art –, de la culture juive, du symbolisme et du mysticisme orthodoxe inspiré d’icônes d’Andreï Roublev, caractéristiques aussi pour le travail d’Ackerman lui-même.

Après son installation à Paris en 1984, il devient l’une des figures de la bohème artistique venant d’Europe de l’Est et de l’URSS. Il rejoint aussi un nombre d’artistes russes non-conformistes (comme Ilya Kabakov, Erik Boulatov, Oscar Rabine, Edik Steinberg ou Vladimir Yankilevsky) qui dans les années 1980 sont contraints de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe ou les États Unis. Ackerman continue alors à inventer un système plastique original, puisant dans différents domaines de l’activité humaine : philosophie, religion, littérature mais aussi dans le folklore et l’art populaire de sa Transcarpatie natale.

Son œuvre oscille entre l’exubérance d’ornements et le minimalisme hérité de Malevitch – l’inventeur du suprématisme – à qui il rend hommage dans la série d’œuvres réalisées entre 1981 et 2020, faisant objet de l’exposition actuelle à la Galerie Le Minotaure. Child’s Faith (2010) fait directement appel à l’accrochage de la « Dernière exposition futuriste des tableaux 0.10 » qui lança le mouvement suprématiste. Malevitch avait alors placé son Quadrangle (Carré noir sur fond blanc) dans l’angle formé par les murs, soulignant le statut exceptionnel de cette œuvre qui éliminait toute référence à l’objet, en faisant la table rase de toutes les significations possibles que l’on pouvait jusqu’alors attribuer à une œuvre d’art et fixant ainsi la voie vers l’universalité de signes.