Mattis Teutsch, János

  • Composition (Sens), circa 1920 Huile sur carton 28,5 x 35,5 cm

  • Composition (Sens), circa 1921 Huile sur panneau 45 x 34,5cm

  • Sans titre, circa 1919 Sculpture sur bois 32 x 15,5 x 8,5 cm

János Mattis Teutsch naît en 1884 à Brașov (Transylvanie), un creuset de cultures : allemande, hongroise et roumaine. Son éducation commence à l’École Technique de la ville et se poursuit à l’École des Arts Décoratifs de Budapest et à l’Académie Royale Bavaroise de Munich. En 1906, Mattis Teutsch se rend à Paris où il prend connaissance des principes cézanniens de composition sans pourtant y fréquenter aucune école artistique. Dans le paysage de l’avant-garde hongroise, il restera un cavalier seul qui ne se laissera pas influencer ni par l’expressionnisme cubiste, ni par la projection constructiviste, faisant de sa passion pour l’évolution spirituelle de l’homme un leitmotiv de son œuvre.
À partir de 1909, en raison des problèmes de santé de sa femme, il séjourne régulièrement à Budapest où pendant l’Exposition internationale du postimpressionnisme il découvre les œuvres de Robert Delaunay, Franz Marc, Vassily Kandinsky, Pablo Picasso et d’autres. En 1917, Lajos Kassák l’invite à rejoindre la revue MA qui lui consacre sa première exposition et publie à cette occasion un recueil de douze linogravures. Le milieu avant-gardiste et international de la revue lui offre l’opportunité d’échanger avec l’étranger. C’est ainsi qu’il est découvert par Herwarth Walden qui, à partir de 1918, publie régulièrement ses œuvres dans la revue Der Sturm et en 1921 lui organise une exposition à côté de Paul Klee. Ce qui permit au galeriste berlinois d’inscrire le jeune artiste dans le programme de la galerie fut la spiritualité lyrique et l’importance du rythme qu’il partageait avec les artistes du Der Blaue Reiter représentés par Sturm. En 1919, Mattis Teutsch entre également en contact avec le Bauhaus de Weimar. Désormais, il s’inscrit pour de bon dans le paysage avant-gardiste des années 1920 dont témoigne la place qui lui est consacré dans les publications de l’époque comme le Livre des nouveaux artistes rédigé par Lajos Kassák et László Moholy-Nagy. Après la chute de la République des Conseils et à la fin de la Première Guerre mondiale, il commence à créer des sculptures colorées en bois et argile. Il expose dans le monde entier, non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis, à Chicago.

En 1924, il devient membre actif de l’avant-garde roumaine collaborant avec la revue Integral, Punct et Contimporanul. À la même période, il participe à une grande exposition de l’art abstrait à Berlin, et se joint à la colonie d’artistes de Nagybánya dont les tendances post-cubistes correspondent à sa vision du monde de l’époque. Kunstideologie, livre publié en 1931 à Potsdam rassemble ses écrits sur l’art, résumant sa théorie et sa pratique rédigées dans l’esprit des manifestes d’avant-garde. Durant la Seconde Guerre mondiale, il délaisse les aplats constructivistes pour se tourner vers la représentation plastique de l’homme. En 1950, il réunit ses œuvres maitresses du début des années 1920 qu’il baptise Fleurs de l’âme qui deviendront le cycle le plus connu de ses peintures. János Mattis Teutsch décède en 1960 dans sa ville natale. Il devra attendre les années 1990 pour que son œuvre soit à nouveau découverte et reconnue.