Né en 1897 à Heves, en Hongrie, Étienne Béothy rejoint Budapest à la fin de la Première Guerre mondiale pour entreprendre sa formation artistique. Il s’inscrit d’abord à l’École d’Architecture puis à l’École des Beaux-Arts où il se spécialise dans la sculpture.
Grâce à une bourse reçue à l’issue d’un concours, il parcourt l’Europe – l’Autriche, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie – avant de s’installer définitivement à Paris en 1925. Il expose alors à divers salons – Salon des Indépendants, Salon d’Automne, Salon des Tuileries – et, à partir de 1928, dans plusieurs galeries parisiennes – Galerie Le Sacre du printemps, Galerie Zak, Galerie Bonaparte, Galerie de la Renaissance, Galerie René Drouin, Galerie Georges Petit ou encore Galerie de l’Effort moderne du célèbre marchand Léonce Rosenberg.
Les années 1930 marquent un tournant dans la carrière de Béothy. En se lançant dans la réalisation de la série « Rythmo plastique », il abandonne définitivement la figuration, une résolution qui le mènera à faire partie du groupe « Abstraction Création » dès 1931. La courte durée de vie du groupe – 1931-1936 – correspond à la période la plus riche de son travail. Outre les nombreux articles et illustrations qu’il publie dans les revues, il produit un grand nombre de sculptures en mettant à exécution les principes énoncés déjà en 1919 dans La Série d’Or. Dans ce manuel théorique, publié seulement en 1939, le sculpteur montre l’importance que revêtent pour lui les lois mathématiques dans la création artistique. L’application effective de ces principes lui permettront d’expérimenter de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux comme le bois, devenu alors son support de prédilection.
Comme pour beaucoup d’artistes, la fin de la Seconde Guerre mondiale marque pour Béothy un retour en force sur la scène artistique. En 1945, il participe à l’exposition La Sculpture Française depuis Rodin à la Galerie René Drouin. En 1946, il fait participer le groupe des artistes hongrois de la Résistance à l’exposition internationale d’Art moderne. La même année, il devient membre fondateur du Salon des Réalités Nouvelles. En 1947, laGalerie Denise René lui organise une exposition particulière et, l’année suivante, c’est la Galerie Maeght qui lui consacre une grande rétrospective.
Ces manifestations qui continuent à couronner de succès le travail de Béothy seront suivies, dans les années 1950, par une série d’expositions et d’interventions au niveau international : à Stockholm (1949), Innsbruck (1949), Anvers (1950 et 1955), Yale (1951), Bruxelles (1954).
Enfin, les années 1950 sont aussi pour Béothy celles de la poursuite des travaux théoriques. En 1951, il fonde avec Felix del Marle et André Bloc le groupe Espace qui rassemble des artistes autour de la volonté d’une synthèse entre peinture, sculpture et architecture. La même année, il participe avec Fernand léger et Le Corbusier à la rédaction du premier numéro de la revue Formes et Vie. En 1954, il collabore avec des architectes proches de l’association Formes Utiles (créée au sein de l’UAM, Union des Artistes Modernes), toujours autour de l’idée d’une synthèse des arts.
Il meurt à Paris en 1961, laissant derrière lui une œuvre sculptée riche et originale de plus de 100 pièces ainsi que de nombreux dessins, peintures et gouaches.
L.B.