Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la préoccupation majeure des artistes tchèques a été de faire reconnaître l’existence de leur nation au sein de l’Empire austro-hongrois. Après 1895, celle-ci étant pleinement établie, les plasticiens peuvent enfin chercher à exprimer leur personnalité. De nombreux artistes pragois étudient évidemment à Vienne, la capitale, mais aussi à Munich et à Paris. Et, fidèles à la tradition cosmopolite d’une ville située au cœur de l’Europe, ils vont adopter le « Modern Style » qui fleurit alors à Vienne, Bruxelles, Paris, Munich et Barcelone, et s’épanouit sous le nom de « Sécession » en Europe centrale, d’« Art nouveau » en France. Les pays tchèques ont en outre contribué à l’épanouissement de l’Art nouveau à Paris, Alphonse Mucha, un de ses principaux représentants, ayant vécu à Paris pendant vingt ans.
Les artistes et le public pragois connaissent bien les courants littéraires et artistiques européens. La Revue moderne fait écho aux expositions parisiennes et présente l’œuvre d‘artistes du tournant du siècle : Odilon Redon, Félicien Rops, Aubrey Beardsley, Edward Munch, James Ensor… L’association Mánes, qui regroupe une majorité de ces artistes, est à l’écoute du reste de l’Europe et présente au public pragois les tendances de l’art contemporain français, allemand, scandinave, grâce à sa revue Tendances libres et à une série d’expositions d’artistes étrangers à Prague – notamment celles d’Auguste Rodin en 1902 et d’Edvard Munch en 1905. Tout ceci apporte aux artistes tchèques un contact direct avec les œuvres de leurs confrères des autres pays et contribue à la maturation d’un art tchèque original.