Depuis 40 ans, la Galerie Ulrich Fiedler (Berlin) expose les œuvres qui ont marqué l’histoire du design de la première moitié du XXe siècle et qui sont des icônes du mouvement que nous appelons aujourd’hui moderne.
Notre exposition commune rassemblera des meubles et des objets d’arts appliqués des maîtres du Bauhaus tels que Charlotte Perriand et Gerrit Thomas Rietveld sélectionnés par Ulrich Fiedler qui vont dialoguer avec des œuvres de Jean Arp, Walter Dexel, Wassily Kandinsky, Fratisek Kupka, Fernand Léger et Laszlo Moholy–Nagy choisies par Benoit Sapiro pour témoigner de l’élan révolutionnaire des années 1920-30.
L’un des points forts de l’exposition sera un prototype du siège pivotant de Charlotte Perriand, réalisé par l’artisan-serrurier Jacques Labadie à Paris en 1928, faisant partie d’une petite série de 20 exemplaires. La chaise en question a été présentée dans plusieurs expositions muséales à travers le monde (Musée Bröhan, Berlin, 2016 ; Museum of Western Art, Tokyo‚ 2018/19 ; Fondation Louis Vuitton, Paris, 2019/20) et a été reproduite sur la couverture du livre d’Anne Bony Charlotte Perriand (2023).
L’autre pièce phare de l’exposition sera la rare chaise « Beugel » à haut dossier réalisée par Gerrit Thomas Rietveld pour le peintre et poète Gabriel Smit en 1927. Le choix d’utiliser des tubes métalliques et du contreplaqué courbé dans ses créations a été un moment important dans la carrière du designer néerlandais. La même année, Marcel Breuer et Mies van der Rohe ont présenté leurs meubles composés de tubes d’acier dans le lotissement de maisons pour travailleurs Weissenhof à Stuttgart, une vitrine internationale pour ce qui allait être connu par la suite comme l’architecture moderne.
Outre ses célèbres meubles en acier, Mies van der Rohe a conçu le mobilier en bois pour la plupart de ses grandes commandes d’avant-guerre. Il a réalisé des tables, bureaux et chaises en bois tropicaux comme le jacaranda et le palissandre. Le présent bureau à trois tiroirs, réalisé pour un commanditaire inconnu, est fabriqué en bois de pin et placage d’ébène de Macassar (également connu sous le nom de coromandel ou sa variante calamandre). Il s’agit de la plus petite version de ce bureau qui a été fabriqué à plusieurs reprises depuis 1927, mais dans des tailles différentes. Son design est identique à celui des huit bureaux à trois tiroirs fabriqués par van der Rohe pour lui-même et pour Lilly Reich à la colonie de Weissenhof, pour la maison Tugendhat, la maison Lange, l’appartement Hess, l’appartement Crous et l’appartement Lohan, entre 1927 et 1937, l’année où, comme László Moholy-Nagy, il émigred’Allemagne aux Etats-Unis où tous les deux continuent à promouvoir les enseignements du Bauhaus
Le célèbre jeu d’échecs de Josef Hartwig a été conçu dans les ateliers de sculpture du Bauhaus à Weimar. Cette version provient de l’estate du Dr Baender, citoyen américain, qui l’a acquise directement au Bauhaus de Weimar en tant qu’étudiant.
Les 32 pièces d’échecs sont réalisées en cerisier, partiellement teinté, alors que la boite est en placage de chêne noirci, noyer et érable moucheté. À l’intérieur se trouve une plaque métallique portant le nom du réalisateur « Hartwig Weimar/Bauhaus Ges. Gesch. ». Ce jeu d’échecs faisait partie de l’exposition : von Arts and Crafts zum bauhaus. Kunst und Design – eine neue Einheit (Bröhan Museum, Berlin 2019 ; Hofmobiliendepot, Château de Schönbrunn, Vienne, 2020)