SALONS

octobre 11, 2020

FIAC 2020

LES GALERIES LE MINOTAURE ET GUILLERMO DE OSMA S’INVITENT CHEZ NICOLAS DEMAN

Modernisme en Europe à l’aube du XXe siècle

Dans le contexte actuel, face aux annulations successives des foires prévues pour cet automne, les galeries françaises et étrangères se mobilisent pour affronter la crise qui touche notre secteur et ne pas décevoir le public. Ainsi, nous avons décidé d’inviter nos amis madrilènes, la Galerie Guillermo de Osma (avec qui nous avons organisé plusieurs expositions en commun et qui expose régulièrement à côté de nous à la FIAC), à préparer ensemble un accrochage exceptionnel que nous aurons l’occasion de vous présenter chez Nicolas Deman (12 rue Jacques Callot – 75006) pendant la semaine de de la FIAC, à savoir du 21 au 25 octobre 2020. Nous avons sélectionné une vingtaine de pièces exceptionnelles que vous auriez pu voir sur nos stands au Grand Palais et qui traditionnellement vous proposent un voyage au cœur du modernisme dans la première partie du XXème siècle.

À la fin des années 1910, confrontés aux événements qui bouleversent à la fois l’histoire socio-politique et l’histoire de l’art, les artistes cherchent de nouvelles formes d’expression, expérimentent avec de nouveaux matériaux pour dépasser les techniques traditionnelles de la peinture, abandonner le tableau de chevalet, redéfinir l’espace de l’œuvre, ainsi que ses fonctions. Le souci commun est désormais de donner un sens plus concret à leur travail, de le rendre accessible à un plus grand nombre, d’imprégner la vie quotidienne des gens, et de forger une nouvelle sensibilité. Beaucoup de ces recherches se révoltent et rejettent l’esthétisation et l’intellectualisation du cubisme, en s’inspirant des acquis du constructivisme russe, avec l’idée de créer un art total mariant la peinture, la sculpture, les arts appliqués et l’architecture. Ainsi, notre accrochage s’organisera autour de deux axes principaux : l’exploration de la troisième dimension (le relief, le collage, etc.) et le théâtre.

Dans la première partie, faisant écho à la grande exposition que nous avons eue à la galerie avant l’été : Herbin-BéothyDomela. La troisième dimension, nous allons présenter un rare relief de Jean Arp de 1927-28, ceux du hollandais César Domela – qui à partir de 1928 trouvera dans cette pratique l’aboutissement de ses expérimentations antérieures, devenant un des maîtres incontestables du genre –, de l’allemand Carl Buchheister et de l’arménien Léon Tutundjian (un relief et un fixé sous verre). Nous montrerons également une toile de 1920 d’Auguste Herbin, un des premiers à pratiquer le relief en France justement à cette période, et plusieurs sculptures du Hongrois, Étienne Béothy, pour qui le relief fut une étape intermédiaire, avant le passage définitif à l’abstraction.  La majorité de ces artistes se côtoyaient dans les années 1930 dans le cadre du mouvement Abstraction Création.

Alexandra Exter, « Projet de décor de la Dame Duente de Pedro Calderon de la Barca (production de Alexandre Taïrov pour le Théatre de Chambre de Moscou) », 1924, Gouache sur papier, 56 x 83 cm 

À la fin des années 1910 les constructivistes russes œuvrent à faire de l’art un outil pratique de la Révolution contribuant à la formation d’un nouvel ordre social et à la diffusion des idéaux socialistes. Ils s’investissent dans les arts appliqués (typographie, architecture, etc.) ; le théâtre et le cinéma deviennent à leur tour des lieux des innovations plastiques par excellence. Loin du moule réaliste de la fin du XIXe siècle, le théâtre russe accomplit dans les années 1915-25, une révolution comparable à la Révolution d’Octobre. À partir de 1916, Alexandra Exter joue un rôle décisif pour la fondation du théâtre d’avant-garde soviétique, avec les projets des costumes et décors de Thamie le citharède, Salomé, Roméo et Juliette ou encore, en 1924 avec ses costumes futuristes pour le premier film de science-fiction, Aelita. Dans notre exposition nous allons présenter le Projet de décor de la Dame Duente de Pedro Calderon de la Barca (production de Alexandre Taïrov pour le Théatre de Chambre de Moscou) de 1924, caractéristique par son organisation en hauteur, sa prolifération de plateformes et de tréteaux reliés par des ponts et des escaliers décomposant l’espace unique de la scène en une action structurée sur plusieurs niveaux, parfois sur différentes scènes en même temps.

Pendant ses voyages à Paris, Exter rencontre et se lie d’amitié avec Fernand Léger, cherchant à l’époque à renouveler le cubisme en faisant recours aux nouvelles valeurs de la modernité : l’énergie, le dynamisme, le mouvement, la machine, la ville, le sens des objets. Léger est en contact avec le monde du cinéma et théâtre dès 1913-14, mais ce n’est qu’après la guerre, vers 1918 qu’advient réellement la rencontre entre son œuvre et le monde du spectacle, au moment où se développe la période mécanique de sa recherche et qu’il commence à collaborer avec les Ballets suédois. Pour rendre compte de l’intensité de la vie moderne et de sa mécanisation, Léger intègre dans ses réalisations de l’époque des éléments du monde urbain et industriel. On y trouve des objets, des signes, des formes plastiques, des motifs géométriques choisis, assemblés et ordonnés pour constituer une esthétique proche de l’abstraction. Un ensemble composé de lignes droites, obliques, courbes, qui traduit visuellement la mécanisation et le modernisme technologique est bien visible sur la gouache de 1919 présente dans notre accrochage. Nous retrouverons d’ailleurs le même vocabulaire formel dans la gouache Conception du Tchèque Frantisek Kupka (1927) de sa période « machiniste ». Cette partie de l’exposition comportera également les projets de costumes de Sonia Delaunay pour le spectacle Cléopatre (1918). 

Parmi d’autres pièces à maîtresses, il faut compter la gouache de Robert Delaunay de 1909, La Flèche de Notre Dame de Paris et une grande toile de Georges Valmier Adam (1930), faisant partie du triptyque commandé à l’artiste par son marchand Léonce Rosenberg pour sa salle à manger.