1941 – 2011 : Artiste d’origine bulgare, né en 1941 à Sofia, Jacques Grinberg a vécu de 1954 à 1962 en Israël où il suivait l’enseignement des peintres israéliens auprès de l’Avni Institute of Art avant de s’établir à Paris, en 1962. Dès lors, il fréquente Montparnasse, mais se nourrit également du travail de De Kooning, figure incontournable de l’expressionisme abstrait américain et de l’action painting. Il abandonne rapidement l’abstraction des premiers temps pour une expression qui n’est pas sans évoquer Maryan, Rebeyrolle, Saura ou le mouvement Cobra et rejoint les artistes de la Nouvelle Figuration.
Considérée comme troisième voie, par rapport à l’abstraction et au nouveau réalisme dans l’air du temps à Paris et au Pop Art américain sur la même décennie, la Nouvelle Figuration adopte rapidement une peinture figurative qui se veut également critique. C’est le positionnement même adopté par Grinberg, dont la peinture reflète sa forte implication politique et sociale. « Son agressivité, bien que tranquille et muette, est incontestable. Sa peinture refuse de plaire et de se laisser enrober dans des harmonisations faciles que le contenu n’exige pas ; elle tient à conserver toute la force de son expression, fût-ce ce sans-gêne et cette brutalité arrogante qu’il ne tient d’ailleurs pas à nier »1. Grinberg se démarque en cela d’une partie des artistes du mouvement, qui ne réussira malheureusement pas à s’affirmer. Ces derniers rejoindront en partie la Figuration Narrative (Rancillac, Télémaque, Monory, etc…).
La position de Grinberg reste une sorte d’esthétique choc, mobilisée contre les atrocités de la guerre et des fascismes. Figures critiques et accusatrices sont au coeur de sa peinture : « Les généraux », en 1964, « Nationaliste dans un chariot », en 1965. Durant ces années, Grinberg participe aux expositions collectives « Rencontres » (Galerie Krugier, Suisse), « Moralités » (Galerie Lahumière-Levin, Paris), « Figures et histoires » (Galerie Hildebrand, Autriche), « Galeries Pilotes » (Musée de Lausanne). Grinberg est représenté par la galerie Shoeller (1964-1969) et a participé à plusieurs salons qui étaient des rendez-vous incontournables de l’époque, tels que Salon de la Jeune peinture (1964, 1965), Salon de Mai (1964, 1965), Grands et Jeunes d’aujourd’hui (1964, 1965, 1966), en bénéficiant de critiques qui le considéraient comme une «des forces actives» de la Nouvelle figuration. Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris rend hommage à Jacques Grinberg du 10 juin au 18 septembre 2016, en présentant un ensemble de ses oeuvres, de 1963 à 2010, dans le cadre de ses accrochages de fonds monographiques d’ateliers parisiens.