1890 – 1941 : Comme nombre de Juifs de la Russie impériale, soumis à un système de quotas et d’interdiction à l’Université, il part faire ses études en Allemagne, à la Technische Hochschule de Darmstadt, et devient diplômé d’architecture en 1915, tout en voyageant à travers l’Europe de 1909 à 1914 (dont un séjour à Paris et 1 200 km à pieds en Italie où il croque architecture et paysages). Revenu dans son pays, il dessine (Chad Gadya, Histoire d’une chèvre) et peint selon un processus de stylisation cubo-futuriste. Lors de la Révolution de 1917, il se trouve au cœur des ferments de transformation de l’art russe. Figure de proue de avant-garde russe, il dessine alors le premier drapeau soviétique et collabore à la décoration des rues de Moscou sous l’égide de l’IZO (Otdel Izobrazitelnykh Iskusstv, sous-section Arts Plastiques du Commissariat à l’instruction, créée à l’initiative de Marc Chagall). En 1919, invité par celui-ci à enseigner à l’Institut pour l’art nouveau (école créée par Marc Chagall) à Vitebsk, il y rencontre Kasimir Malevitch, adhère au Suprématisme et crée son premier « Proun » (acronyme de « Projet pour l’affirmation du Nouveau » en russe), tableaux qu’il appelle aussi « stations de correspondance entre la peinture et l’architecture » et qui s’inscrit dans un projet artistique inédit qu’il définit par ces mots : « De reproducteur, l’artiste est devenu constructeur d’un nouvel univers d’objets ». C’est également à Vitebsk qu’il crée la célèbre affiche de propagande « Battez les Blancs avec le triangle rouge ». En 1920, il se rapproche de Vladimir Tatline et du Constructivisme, auquel il apporte une contribution de premier ordre. En 1922, il fait la connaissance à Berlin de László Moholy-Nagy, Theo van Doesburg, Ludwig Mies van der Rohe, Hans Richter et de Hans Arp, avec lesquels il constitue le Groupe G ; il devient, dès ce moment, le trait d’union primordial entre l’abstraction révolutionnaire soviétique et les recherches du Bauhaus et de De Stijl, mouvement auquel il se rallie en 1923. Son activité est extrêmement novatrice dans le domaine de la typographie et du photomontage. Les affiches qu’il réalise sont d’une réelle simplification et influenceront toute une génération d’artistes européens. En 1924, il collabore à la revue Merz avec Kurt Schwitters, et fonde avec Mart Stam et Hans Schmidt le groupe de la revue ABC. Il publie également un essai, Kunst und Pangeometrie, sur le Suprématisme en 1925. Certains de ses projets d’architecture datent de ces années là, dont la tribune pour Lénine et l’immeuble de bureaux Wolkenbügel. De 1926 à 1928, il séjourne à Hanovre et y crée le Cabinet des abstraits au Landesmus, que les nazis détruiront en tant qu’art dégénéré. Revenu dans sa patrie, il poursuit jusqu’à sa mort son activité dans le domaine graphique, architectural, publicitaire, théâtral et cinématographique. Ainsi, en 1928, il rejoint la section graphique du groupe Oktriabr et, au titre de chef concepteur du pavillon soviétique à l’Exposition internationale de la presse de Cologne, il réalise un photomontage de 24 M de long. En 1929, il est l’un des architectes du parc Gorki à Moscou où sera montrée, en 1930, la première exposition du groupe Oktiabr. Sa santé chancelante lui interdit de continuer de voyager et diminue ses possibilités d’exécution de grands projets à partir de 1932. Toutefois, il participe régulièrement à la revue de propagande SSSR na Stroïke / URSS en construction et devient un personnage incontournable des grands projets esthétiques staliniens. En 1933, il illustre le reportage d’Ilya Ehrenbourg, Mon Paris2. En 1936, il est le chef de conception du pavillon soviétique de l’Exposition universelle de Paris. En 1937, il est chargé de la conception du pavillon principal de l’Exposition agricole de toute la Russie dont il peint la frise. En 1938, il est le responsable du pavillon soviétique de l’Exposition universelle de New-York. En 1941, il réalise la maquette des Œuvres choisies de Staline avant de participer à la conception des deux premières grandes affiches consacrées à l’effort de guerre. Il meurt en décembre.
Lissitzky, El
PRESSE
avril 10, 2018 / « L’aventure berlinoise de l’avant-garde hongroise », Journal des Arts, 30 mars-12 avril 2018.
avril 10, 2018 / « Modernités de l’Est », Connaissance des arts, avril 2018.